19 SAINT ROCH

Dans l’écrin minimaliste du 19 Saint Roch

• THE PLACE • 

Impossible d’ignorer le 19 Saint Roch. L’adresse alimente toutes les conversations gourmandes et empile les distinctions : Meilleur “Sophistroquet” du Guide France 2025 selon Le Fooding, salué par le Guide Michelin, le Lebey, le Gault & Millau… Bref, un nom qui s’impose naturellement sur la scène culinaire parisienne.

Derrière cette ascension fulgurante : Pierre Toutou, figure marquante de la nouvelle bistronomie.
Formé dans les plus grandes maisons, Alain Ducasse au Plaza Athénée, Pierre Gagnaire à Sketch Londres, puis le Mostrador Santa Teresita en Uruguay, il affine son identité culinaire avant de passer par les adresses les plus vibrantes du moment : Vivant 2, Déviant, le Drum Café à Arles, et plusieurs projets internationaux.
En 2019, Le Figaro le repère déjà parmi les meilleurs chefs français de moins de trente ans.

Son installation au 19 rue Saint-Roch sonne comme une évidence.
On y retrouve tout ce qui façonne sa cuisine : la rigueur héritée des grandes maisons, un sens aigu du détail “invisible mais essentiel”, sûrement influencé par un entourage où l’exigence a toujours été reine (d’un grand-père architecte à un père fondateur d’APC).

En résulte une adresse vibrante, portée par un chef qui incarne à la perfection l’esprit de la bistronomie moderne : créative, libre, précise, et profondément ancrée dans son époque.

• THE FOOD • 

Au 19 Saint Roch, l’assiette reflète pleinement l’ADN du chef : net, minimaliste, stylisé. Une cuisine où chaque élément compte, où les assaisonnements et les condiments sont millimétrés, jamais accessoires.

La carte, volontairement courte, évolue au quotidien, selon la saisonnalité et les arrivages : quelques amuses-bouches, 4 entrées (17–25€), 4 plats (38–55€), une sélection de fromages (16€) et 3 desserts (9–16€). Pas de menu, pas de formule : uniquement à la carte, pour une liberté totale.

Les petites assiettes innovantes donnent le ton : des compositions épurées, jamais surchargées, composées d’ingrédients frais, avec des saveurs franches.

Chaque plat arrive accompagné de son “+1”, petite création complémentaire qui prolonge la dégustation, une signature maison qui donne une identité singulière au repas.

Le début de soirée s’ouvre sur un Lo Bak Go, gâteau de radis chinois inspiré du dim sum mais pensé comme une panisse, servi avec une mayonnaise au poivre particulièrement réussie.
À ses côtés, une coupelle de moules de l’Aiguillon à la ’nduja, combinaison puissante et délicate qui confirme l’importance des condiments dans la cuisine du chef.

En plat, le thon rouge au barbecue, nappé d’une sauce à l’encre de seiche et accompagné de légumes verts, est une réussite. Je cherche à retrouver cette cuisson et équilibre parfait chez d'autres sans succès. Visuellement, l’assiette évoque un tableau contemporain : lignes nettes & couleurs maîtrisées.
Le homard de Roscoff, servi avec carottes nouvelles et basilic, arrive escorté de son “+1” de betteraves aigre-douce. Un ensemble élégant, même si l’accompagnement se montre plus discret que le reste.

Dans chaque proposition, on reconnaît les influences qui ont façonné la cuisine du chef : le Japon, la Méditerranée, les maisons d’excellence, et cette obsession du détail qu’on retrouve autant dans le travail des sauces que dans la construction visuelle des plats.

Le repas est maîtrisé, fin, construit avec sérieux. Il lui manque parfois ce petit grain de caractère qui ferait basculer l’expérience dans quelque chose de véritablement unique, mais l’ensemble reste une belle incarnation de la nouvelle bistronomie parisienne, celle qui mêle tradition, modernité et liberté créative.

• THE ATMOSPHERE • 

Le 19 Saint Roch dévoile un décor qui évoque un izakaya chic, parfaitement accordé à l’élégance feutrée du quartier.

Dès l’entrée, les tomettes noires et blanches guident le pas vers la cuisine ouverte, encadrée de colonnes immaculées et d’un comptoir en inox où l’on observe le ballet précis de la brigade. À côté, quelques tables plus classiques complètent la salle, peu nombreuses, et d’autant plus convoitées : réserver s’impose.

Le lieu joue sur les contrastes : bois sombre et anguleux, inox brillant, carrelage graphique… et une influence italienne des années 80, avec ce supplément d’élégance discrète qui marque les intérieurs parisiens contemporains. Les lumières tamisées enveloppent l’ensemble d’une atmosphère douce, intimiste, presque cinématographique.

Le service, lui, étonne par son précision et son formalisme subtil : une équipe nombreuse, en tablier blanc, dans un espace pourtant réduit, un détail rare pour une adresse de ce style, qui offre une impression presque gastronomique.

Les lignes épurées et la sobriété du design créent un écrin parfaitement calibré pour la cuisine du chef. Cette esthétique maîtrisée n’est sans doute pas un hasard : un goût pour le minimalisme structuré que l’on pourrait relier à l’influence familiale de Jean Touitou, fondateur d’APC, maison reconnue pour ses lignes pures et son style gallico-minimaliste.

Un lieu pensé avec intention, précision et caractère, qui attire à la fois les gourmets parisiens et les visiteurs en quête d’une expérience culinaire authentique et contemporaine.